Josep Calvet
Le Groupe Ponzán
Francisco Ponzán Vidal était un maître d’école anarchiste de Huesca (Aragon). Pendant la Guerre Civile il travaille pour le Service d’Information Spécial Périphérique (SIEP) de la République, consacré aux services de sabotage et d’espionnage de l’armée ennemie. Exilé en France en mars 1939, il est interné au camp de Vernet d’Ariège (France), d’où il s’enfuit.
Voulant continuer la lutte il contacte les services secrets britanniques, belges et français en donnant de l’aide pour faire évader des personnalités politiques, des militaires, des aviateurs et des juifs. Son groupe collabore à l’évasion de prés de trois mil personnes et rend possible d’innombrables services de transport de courrier, surtout pour le réseau Pat O’Leary, un des réseaux alliés les plus importants de l’Europe occupée.
Le Groupe Ponzán, qui agit de Toulouse (Haute Garonne, France) est composé dans sa majorité par des anarchistes espagnols. Parmi ses passeurs les plus importants il faut nommer Joan Català, Floreal Barberà, Agustín Remiro, Josep Ester et Vicente Moriones. Les évadés pris en charge par le Groupe franchissaient les Pyrénées à pied et ils étaient conduits jusqu’au Consulat Britannique de Barcelone où on leur facilitait la sortie de la Péninsule Ibérique via le Portugal ou Gibraltar.
Ponzán est arrêté en avril 1943. Après être resté en prison pendant près d’un an, il est livré à la Gestapo, qui l’assassine le 18 août 1944 à Buzet-sur-Tarn (Haute Garonne, France) en même temps que cinquante-trois autres personnes. Il fut décoré à titre posthume par les gouvernements de France, Grande Bretagne et États Unis, tandis qu’en Espagne sa figure et le travail accomplit pour la résistance reste dans l’oubli. Une partie de son legs est déposé au Musée Départemental de la Résistance et de la Déportation de Toulouse.
Origines de Joan Català
Joan Català Balanyà est né à Llavorsí (Pallars Sobirà, Catalunya) le 21 février 1913. Lorsque éclate la Guerre Civile Espagnole il s’engage volontaire a la Colonne Durruti (26ème Division) qui combat sur le front d’Aragon. Ver la moitié de 1938 il s’engage à la 143ème Brigade de la 24ème Division de l’armée de la République, détachée à l’Alt Urgell, où il rend service comme guide et comme espion. Il fait partie du SIEP (Service d’Information Spéciale Périphérique) sous les ordres de l’anarchiste aragonais Francisco Ponzán. La rencontre avec Ponzán marquera sa vie en forgeant un étroit lien qui va continuer après la guerre. En mars 1939 il passe en France et on l’enferme au camp de concentration de Vernet d’Ariège (France), d’où il réussit à fuir et arriver en Andorre. Celle ci est la première évasion du long historique des fugues de Joan Català.
D’Andorre vers les lignes d’évasion
En Andorre Català commence à faire de la contrebande mais bientôt il retrouve et travaille avec Francisco Ponzán, son ancien chef du SIEP, qui maintenant collabore avec les services secrets alliés. Quand il s’incorpore au Groupe Ponzán, Català rempli des missions d’espionnage. Il est arrêté à Cadix quand il allait récupérer les plans de la fortification de la province. Il est enfermé à la prison d’El Cisne à Madrid, d’où il réussit à s’évader en novembre 1940. Il rentre en Andorre où il s’engage à nouveau dans le Groupe en faisant alors passer des réfugiés étrangers. Il devient le meilleur passeur. Mais marcheur infatigable en montagne, Català préfère faire le courrier que faire le passeur de personnes.
En avril 1941 il est à nouveau arrêté dans la gare de France de Barcelone lorsqu’il accompagne deux aviateurs nord-américains. Pendant le transport pour comparaître devant le juge militaire, il s’évade encore et il retourne en Andorre. À partir de ce moment il fait des voyages vers Barcelone en portant de la documentation pour la CNT (syndicat anarchiste ouvrier). Il est repris quand il attendait Eliseu Melis, un anarchiste qui est en réalité un informateur de la police franquiste. En décembre 1942 il s’évade encore, cette fois de la prison Modelo de Barcelone, mais il est arrêté à nouveau peu de jours après. On l’emmène à la Prison Provinciale de Lérida d’où il est libéré, en juillet 1943, grâce à une étrange « erreur bureaucratique ».
Trois mois auparavant Francisco Ponzán avait été arrêté à Toulouse et son groupe avait été démantelé. En sortant de prison Català va à Barcelone. À la demande du Consulat Britannique il organise son propre groupe pour faciliter la sortie de personnes de France. Le Consulat payait 3000 pesetas pour chaque personne qui y arrivait. La nouvelle ligne d’évasion, établie en Cerdagne, réussi à transporter plusieurs groupes de militaires polonais. Grâce à un camion ils réalisaient le trajet plus rapidement et en même temps ils pouvaient transporter des contingents plus nombreux.
Les itinéraires
Català faisait le passage des Pyrénées par Andorre ou par un itinéraire plus facile à travers la Cerdagne française, en partant d’Osseja (Haute Cerdagne, France). En fonction de l’âge et de la résistance physique des personnes qu’il fallait accompagner, on décidait de la route que l’on utiliserait. L’hôtel Jaume d’Alp (Baixa Cerdanya, Catalogne) était l’arrêt avant d’entreprendre la traversée de la chaîne du Cadí. On faisait le chemin à pied jusqu’à Manresa (Bages, Catalogne) par des sentiers de montagne et en se reposant dans des fermes sûres. À Manresa on prenait le train jusqu’à Barcelone et on accompagnait les évadés au Consulat Britannique, qui à l’époque était situé sur la place Urquinaona. En d’autres occasions Català croisait la frontière par l’Alt Empordà (Catalogne), en profitant de la facilité des cols de montagne de cette zone qui n’atteignent pas mil mètres. De plus le trajet qui menait de cette région à Barcelone était beaucoup plus rapide et plus sûr.
Après la Seconde Guerre Mondiale
Català est arrêté à Adrall (Alt Urgell, Catalogne) le 25 juin 1944 quand il rentre d’une expédition. En décembre 1946 il est jugé et condamné à 12 ans de prison. En mars 1947 il réussit une nouvelle évasion, maintenant de la prison de Carabanchel (Madrid) et passe clandestinement en France, où il est a nouveau arrêté comme sans-papiers. Grâce aux démarches de Robert Terres, un important agent secret français qui maintenait des contactes avec des groupes de la CNT, il est relâché pour les services rendus aux alliés. À cause de sa situation irrégulière il survit jusqu’à ce qu’en 1951, avec des compagnons, il dévalise un fourgon de la Poste. Il est arrêté et il passe presque quinze ans dans les prisons françaises. Il est libéré en 1956. Il s’installe alors en Andorre. Actuellement il habite à La Seu d’Urgell (Alt Urgell, Catalogne).
Le Groupe Ponzán
Francisco Ponzán Vidal était un maître d’école anarchiste de Huesca (Aragon). Pendant la Guerre Civile il travaille pour le Service d’Information Spécial Périphérique (SIEP) de la République, consacré aux services de sabotage et d’espionnage de l’armée ennemie. Exilé en France en mars 1939, il est interné au camp de Vernet d’Ariège (France), d’où il s’enfuit.
Voulant continuer la lutte il contacte les services secrets britanniques, belges et français en donnant de l’aide pour faire évader des personnalités politiques, des militaires, des aviateurs et des juifs. Son groupe collabore à l’évasion de prés de trois mil personnes et rend possible d’innombrables services de transport de courrier, surtout pour le réseau Pat O’Leary, un des réseaux alliés les plus importants de l’Europe occupée.
Le Groupe Ponzán, qui agit de Toulouse (Haute Garonne, France) est composé dans sa majorité par des anarchistes espagnols. Parmi ses passeurs les plus importants il faut nommer Joan Català, Floreal Barberà, Agustín Remiro, Josep Ester et Vicente Moriones. Les évadés pris en charge par le Groupe franchissaient les Pyrénées à pied et ils étaient conduits jusqu’au Consulat Britannique de Barcelone où on leur facilitait la sortie de la Péninsule Ibérique via le Portugal ou Gibraltar.
Ponzán est arrêté en avril 1943. Après être resté en prison pendant près d’un an, il est livré à la Gestapo, qui l’assassine le 18 août 1944 à Buzet-sur-Tarn (Haute Garonne, France) en même temps que cinquante-trois autres personnes. Il fut décoré à titre posthume par les gouvernements de France, Grande Bretagne et États Unis, tandis qu’en Espagne sa figure et le travail accomplit pour la résistance reste dans l’oubli. Une partie de son legs est déposé au Musée Départemental de la Résistance et de la Déportation de Toulouse.
Origines de Joan Català
Joan Català Balanyà est né à Llavorsí (Pallars Sobirà, Catalunya) le 21 février 1913. Lorsque éclate la Guerre Civile Espagnole il s’engage volontaire a la Colonne Durruti (26ème Division) qui combat sur le front d’Aragon. Ver la moitié de 1938 il s’engage à la 143ème Brigade de la 24ème Division de l’armée de la République, détachée à l’Alt Urgell, où il rend service comme guide et comme espion. Il fait partie du SIEP (Service d’Information Spéciale Périphérique) sous les ordres de l’anarchiste aragonais Francisco Ponzán. La rencontre avec Ponzán marquera sa vie en forgeant un étroit lien qui va continuer après la guerre. En mars 1939 il passe en France et on l’enferme au camp de concentration de Vernet d’Ariège (France), d’où il réussit à fuir et arriver en Andorre. Celle ci est la première évasion du long historique des fugues de Joan Català.
D’Andorre vers les lignes d’évasion
En Andorre Català commence à faire de la contrebande mais bientôt il retrouve et travaille avec Francisco Ponzán, son ancien chef du SIEP, qui maintenant collabore avec les services secrets alliés. Quand il s’incorpore au Groupe Ponzán, Català rempli des missions d’espionnage. Il est arrêté à Cadix quand il allait récupérer les plans de la fortification de la province. Il est enfermé à la prison d’El Cisne à Madrid, d’où il réussit à s’évader en novembre 1940. Il rentre en Andorre où il s’engage à nouveau dans le Groupe en faisant alors passer des réfugiés étrangers. Il devient le meilleur passeur. Mais marcheur infatigable en montagne, Català préfère faire le courrier que faire le passeur de personnes.
En avril 1941 il est à nouveau arrêté dans la gare de France de Barcelone lorsqu’il accompagne deux aviateurs nord-américains. Pendant le transport pour comparaître devant le juge militaire, il s’évade encore et il retourne en Andorre. À partir de ce moment il fait des voyages vers Barcelone en portant de la documentation pour la CNT (syndicat anarchiste ouvrier). Il est repris quand il attendait Eliseu Melis, un anarchiste qui est en réalité un informateur de la police franquiste. En décembre 1942 il s’évade encore, cette fois de la prison Modelo de Barcelone, mais il est arrêté à nouveau peu de jours après. On l’emmène à la Prison Provinciale de Lérida d’où il est libéré, en juillet 1943, grâce à une étrange « erreur bureaucratique ».
Trois mois auparavant Francisco Ponzán avait été arrêté à Toulouse et son groupe avait été démantelé. En sortant de prison Català va à Barcelone. À la demande du Consulat Britannique il organise son propre groupe pour faciliter la sortie de personnes de France. Le Consulat payait 3000 pesetas pour chaque personne qui y arrivait. La nouvelle ligne d’évasion, établie en Cerdagne, réussi à transporter plusieurs groupes de militaires polonais. Grâce à un camion ils réalisaient le trajet plus rapidement et en même temps ils pouvaient transporter des contingents plus nombreux.
Les itinéraires
Català faisait le passage des Pyrénées par Andorre ou par un itinéraire plus facile à travers la Cerdagne française, en partant d’Osseja (Haute Cerdagne, France). En fonction de l’âge et de la résistance physique des personnes qu’il fallait accompagner, on décidait de la route que l’on utiliserait. L’hôtel Jaume d’Alp (Baixa Cerdanya, Catalogne) était l’arrêt avant d’entreprendre la traversée de la chaîne du Cadí. On faisait le chemin à pied jusqu’à Manresa (Bages, Catalogne) par des sentiers de montagne et en se reposant dans des fermes sûres. À Manresa on prenait le train jusqu’à Barcelone et on accompagnait les évadés au Consulat Britannique, qui à l’époque était situé sur la place Urquinaona. En d’autres occasions Català croisait la frontière par l’Alt Empordà (Catalogne), en profitant de la facilité des cols de montagne de cette zone qui n’atteignent pas mil mètres. De plus le trajet qui menait de cette région à Barcelone était beaucoup plus rapide et plus sûr.
Après la Seconde Guerre Mondiale
Català est arrêté à Adrall (Alt Urgell, Catalogne) le 25 juin 1944 quand il rentre d’une expédition. En décembre 1946 il est jugé et condamné à 12 ans de prison. En mars 1947 il réussit une nouvelle évasion, maintenant de la prison de Carabanchel (Madrid) et passe clandestinement en France, où il est a nouveau arrêté comme sans-papiers. Grâce aux démarches de Robert Terres, un important agent secret français qui maintenait des contactes avec des groupes de la CNT, il est relâché pour les services rendus aux alliés. À cause de sa situation irrégulière il survit jusqu’à ce qu’en 1951, avec des compagnons, il dévalise un fourgon de la Poste. Il est arrêté et il passe presque quinze ans dans les prisons françaises. Il est libéré en 1956. Il s’installe alors en Andorre. Actuellement il habite à La Seu d’Urgell (Alt Urgell, Catalogne).
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