Noemí Riudor Garcia
Origines
Jaume Soldevila Pich est né à Escart (Pallars Sobirà, Catalogne) en 1906. En 1932 il émigre en France et se marie avec Generosa Cortina, née à Son (Pallars Sobirà, Catalogne) en 1910. Generosa avait émigré en France l’année 1925.
En 1913 est né Joan et en 1916, Ricardo. Les deux étaient frères de Jaume et habitaient Escart. En 1936, lorsque éclate la Guerre Civile espagnole, Joan s’engage comme volontaire dans le corps des carabiniers, du côté de la République. Pendant la guerre il est affecté à Madrid et quand elle est finie, en 1939, il rentre à Escart. Ricardo s’était engagé dans l’armée de l’air et avait servit la République à Murcia. À la fin de la guerre il est incarcéré à Cartagena.
Les années de l’après-guerre furent très difficiles, économiquement et socialement. Joan et Ricardo travaillèrent comme garçon de ferme et aussi dans la forêt, en coupant du bois et en faisant de la contrebande. La nuit du 9 au 10 juin 1943 la Guardia Civil les intercepte alors qu’ils entreprenaient un de leurs voyages vers Andorre. Les deus frères Soldevila et un autre compagnon ont été conduits au Seminario Viejo de Lérida, qui faisait fonction de prison, où ils ont accompli une peine de trente jours pour un délit de contrebande.
L’année 1943, dans la prison du Seminario Viejo, il y avait des internés espagnols accusés de délits divers, et des étrangers de nombreuses nationalités arrêtés par la Guardia Civil pour avoir franchi clandestinement les Pyrénées, fuyant l’Europe nazie. Pendant leur séjour les frères Soldevila font connaissance d’un garçon de Saint Girons (Ariège, France). Quand ils quittent la prison, Joan et Ricardo rentrent à Escart et reprennent leurs activités.
L’organisation du Réseau de Jean dans les Pyrénées
Peut après leur retour le Consulat Belge de Barcelone contacte les frères Soldevila. Le garçon de Saint Girons les a recommandés pour transporter du courrier entre Toulouse et Barcelone à travers les Pyrénées. C’est de cette façon si particulière qu’ils se mettent à travailler pour le Réseau de courrier de Jean.
En un premier temps le travail est fait par Ricardo (agent José) et par Jaume (agent Pablo). Ricardo voyageait à Barcelone pour aller chercher un colis au Consulat Belge. En le prenant en charge il signait de son faux nom dans un registre où il notait la date et le montant de l’indemnité qu’il recevait pour le service : 5.000 pesetas par voyage. De Barcelone Ricardo transportait le colis jusqu’à Er (Cerdagne, Pyrénées Orientales), où il le laissait dans une maison qui servait de boîte aux lettres. Jaume le reprenait et l’emportait jusqu’à Toulouse où Generosa se chargeait de faire la livraison à une autre agent du réseau, une femme dont elle ignorait l’identité.
L’itinéraire de la Cerdagne fut abandonné pour des raisons de sûreté. À partir de ce moment là ils décident de prendre une nouvelle route à travers le Pallars Sobirà. Ricardo transportait le colis de Barcelone jusqu’à Escart. Joan (agent Rodrigo) faisait, à pied, le trajet d’Escart jusqu’à Couflens (Couserans, Ariège) par le passage de Vinyals, entre les ports de Salau et Aulà. À Couflens Joan déposait le colis dans une maison de confiance. De là, Jacinto Bengoetxea, un réfugié navarrais qui faisait le transport régulier de passagers entre Couflens et Saint Girons, reprenait le colis pour l’emporter jusqu’à la maison de la famille Gabarre, originaire d’Isil (Pallars Sobirà, Catalogne). Jaume allait à Saint Girons et le ramassait pour le faire passer jusqu’à Toulouse.
La Mission Roch et la chute du Réseau de Jean
En avril 1944 le Gouvernement Belge, installé à Londres, initie la Mission Roch qui avait pour but l’évacuation d’agents qui avaient été découverts et de personnalités présentant un intérêt spécial. Ainsi donc on envoie vers la France le capitaine aviateur belge Charles de Hepcée, à travers la filière des frères Soldevila.
Ricardo l’accompagne de Barcelone jusqu’au Pallars Sobirà. En attendant de pouvoir introduire Hepcée en France les frères Soldevila avaient prévu de le loger dans une maison de Son (Pallars Sobirà, Catalogne). Il devait y rester jusqu’au moment où Jaume viendrait le chercher pour l’amener à Toulouse. Malheureusement ils ont dû changer de plans parce que dans cette maison ils rencontrent un homme aux sympathies franquistes bien connues. Ce dernier ne manqua pas de remarquer l’arrivé de l’étranger. Hepcée et les frères Soldevila eurent peur d’être dénoncés et décident de voyager immédiatement vers la France.
Joan et Ricardo demandent de l’aide à un homme de Salau qui s’était réfugié à Borén (Pallars Sobirà, Catalogne), car ils pensaient qu’il serait meilleur guide qu’eux en territoire français. Mais cet homme abandonnât à Hepcée tout prés de frontière, déjà du coté français. Une patrouille allemande interceptât le Belge au Pont de la Taule (Couserans, Ariège), le 22 avril 1944. Hepcée fut soumis à un dur interrogatoire, emprisonné et fusillé.
Un mois après, la Gestapo arrêtât Generosa et Jaume à leur domicile de Toulouse. Generosa Cortina est déportée au camp de Ravensbrück (Allemagne). Jaume Soldevila est emprisonné à Toulouse. Le 27 juin 1944, avec d’autres prisonniers, il est conduit dans une forêt prés de Castelmaurou (Haute Garone). Là ils doivent creuser leur tombe en attendant d’être fusillés. Jaume profite d’un moment de distraction des soldats pour fuir à travers les bois. Il est légèrement blessé au genou et réussit à trouver refuge chez un médecin italien, où il se cache jusqu’à ce que son cousin, Toribio Sanz, vienne le chercher avec quelques « milicianos » (des républicains espagnols), pour le conduire dans un endroit sûr. Jaume a été l’unique survivant entre tous les prisonniers emmenés ce jour là à Castelmaurou. Peut après, le 20 août 1944, Toulouse était libéré.
Generosa fut victime de tortures et de travaux forcés dans une fabrique d’armement allemande. Elle est libérée par l’armée soviétique le 3 mai 1945, et elle a pu se retrouver avec son mari après un an durant lequel ils n’ont rien su l’une de l’autre.
Autres activités résistantes
Generosa et Jaume avaient travaillé aussi pour le Réseau Françoise (autrement dit Pat O’Leary) qui dépendait du gouvernement britannique. Leur domicile de Toulouse fonctionnait de boîte aux lettres pour ce réseau et Jaume s’était occupé de faire parvenir en Espagne quelques groupes d’aviateurs. Joan se souvient d’une occasion où son frère lui confia cinq aviateurs britanniques et canadiens.
Après la Guerre Mondiale: activités professionnelles et reconnaissances
Lorsque finit la Deuxième Guerre Mondiale Jaume continua de travailler comme mécanicien à Toulouse jusqu’au moment où, avec Generosa, ils ouvrent un petit bar restaurant.
Pour leurs actions dans la Résistance ils ont reçu plusieurs témoignages de reconnaissances des gouvernements français et nord-américain. En 1947 le président des États-Unis leur décerne la Medal of Freedom. En 1962 Generosa est décorée de la Croix de Chevalier de la Légion d’Honneur. Generosa Cortina meurt en 1987. Jaume Soldevila meurt en 1998.
Joan et Ricardo n’ont jamais reçu aucune reconnaissance pour leur participation dans les réseaux alliés de renseignements et d’évasion. Après la guerre ils ont continué de vivre des travaux de la forêt et de la petite contrebande. Ricardo part en France au milieu des années 50, où il se marie et gagne sa vie comme commis voyageur pour un magasin de vêtements de Toulouse. Ricardo meurt en 2003. Joan se marie en 1946 et continue de vivre à Escart. En ce moment il habite Esterri d’Àneu avec sa femme.
Origines
Jaume Soldevila Pich est né à Escart (Pallars Sobirà, Catalogne) en 1906. En 1932 il émigre en France et se marie avec Generosa Cortina, née à Son (Pallars Sobirà, Catalogne) en 1910. Generosa avait émigré en France l’année 1925.
En 1913 est né Joan et en 1916, Ricardo. Les deux étaient frères de Jaume et habitaient Escart. En 1936, lorsque éclate la Guerre Civile espagnole, Joan s’engage comme volontaire dans le corps des carabiniers, du côté de la République. Pendant la guerre il est affecté à Madrid et quand elle est finie, en 1939, il rentre à Escart. Ricardo s’était engagé dans l’armée de l’air et avait servit la République à Murcia. À la fin de la guerre il est incarcéré à Cartagena.
Les années de l’après-guerre furent très difficiles, économiquement et socialement. Joan et Ricardo travaillèrent comme garçon de ferme et aussi dans la forêt, en coupant du bois et en faisant de la contrebande. La nuit du 9 au 10 juin 1943 la Guardia Civil les intercepte alors qu’ils entreprenaient un de leurs voyages vers Andorre. Les deus frères Soldevila et un autre compagnon ont été conduits au Seminario Viejo de Lérida, qui faisait fonction de prison, où ils ont accompli une peine de trente jours pour un délit de contrebande.
L’année 1943, dans la prison du Seminario Viejo, il y avait des internés espagnols accusés de délits divers, et des étrangers de nombreuses nationalités arrêtés par la Guardia Civil pour avoir franchi clandestinement les Pyrénées, fuyant l’Europe nazie. Pendant leur séjour les frères Soldevila font connaissance d’un garçon de Saint Girons (Ariège, France). Quand ils quittent la prison, Joan et Ricardo rentrent à Escart et reprennent leurs activités.
L’organisation du Réseau de Jean dans les Pyrénées
Peut après leur retour le Consulat Belge de Barcelone contacte les frères Soldevila. Le garçon de Saint Girons les a recommandés pour transporter du courrier entre Toulouse et Barcelone à travers les Pyrénées. C’est de cette façon si particulière qu’ils se mettent à travailler pour le Réseau de courrier de Jean.
En un premier temps le travail est fait par Ricardo (agent José) et par Jaume (agent Pablo). Ricardo voyageait à Barcelone pour aller chercher un colis au Consulat Belge. En le prenant en charge il signait de son faux nom dans un registre où il notait la date et le montant de l’indemnité qu’il recevait pour le service : 5.000 pesetas par voyage. De Barcelone Ricardo transportait le colis jusqu’à Er (Cerdagne, Pyrénées Orientales), où il le laissait dans une maison qui servait de boîte aux lettres. Jaume le reprenait et l’emportait jusqu’à Toulouse où Generosa se chargeait de faire la livraison à une autre agent du réseau, une femme dont elle ignorait l’identité.
L’itinéraire de la Cerdagne fut abandonné pour des raisons de sûreté. À partir de ce moment là ils décident de prendre une nouvelle route à travers le Pallars Sobirà. Ricardo transportait le colis de Barcelone jusqu’à Escart. Joan (agent Rodrigo) faisait, à pied, le trajet d’Escart jusqu’à Couflens (Couserans, Ariège) par le passage de Vinyals, entre les ports de Salau et Aulà. À Couflens Joan déposait le colis dans une maison de confiance. De là, Jacinto Bengoetxea, un réfugié navarrais qui faisait le transport régulier de passagers entre Couflens et Saint Girons, reprenait le colis pour l’emporter jusqu’à la maison de la famille Gabarre, originaire d’Isil (Pallars Sobirà, Catalogne). Jaume allait à Saint Girons et le ramassait pour le faire passer jusqu’à Toulouse.
La Mission Roch et la chute du Réseau de Jean
En avril 1944 le Gouvernement Belge, installé à Londres, initie la Mission Roch qui avait pour but l’évacuation d’agents qui avaient été découverts et de personnalités présentant un intérêt spécial. Ainsi donc on envoie vers la France le capitaine aviateur belge Charles de Hepcée, à travers la filière des frères Soldevila.
Ricardo l’accompagne de Barcelone jusqu’au Pallars Sobirà. En attendant de pouvoir introduire Hepcée en France les frères Soldevila avaient prévu de le loger dans une maison de Son (Pallars Sobirà, Catalogne). Il devait y rester jusqu’au moment où Jaume viendrait le chercher pour l’amener à Toulouse. Malheureusement ils ont dû changer de plans parce que dans cette maison ils rencontrent un homme aux sympathies franquistes bien connues. Ce dernier ne manqua pas de remarquer l’arrivé de l’étranger. Hepcée et les frères Soldevila eurent peur d’être dénoncés et décident de voyager immédiatement vers la France.
Joan et Ricardo demandent de l’aide à un homme de Salau qui s’était réfugié à Borén (Pallars Sobirà, Catalogne), car ils pensaient qu’il serait meilleur guide qu’eux en territoire français. Mais cet homme abandonnât à Hepcée tout prés de frontière, déjà du coté français. Une patrouille allemande interceptât le Belge au Pont de la Taule (Couserans, Ariège), le 22 avril 1944. Hepcée fut soumis à un dur interrogatoire, emprisonné et fusillé.
Un mois après, la Gestapo arrêtât Generosa et Jaume à leur domicile de Toulouse. Generosa Cortina est déportée au camp de Ravensbrück (Allemagne). Jaume Soldevila est emprisonné à Toulouse. Le 27 juin 1944, avec d’autres prisonniers, il est conduit dans une forêt prés de Castelmaurou (Haute Garone). Là ils doivent creuser leur tombe en attendant d’être fusillés. Jaume profite d’un moment de distraction des soldats pour fuir à travers les bois. Il est légèrement blessé au genou et réussit à trouver refuge chez un médecin italien, où il se cache jusqu’à ce que son cousin, Toribio Sanz, vienne le chercher avec quelques « milicianos » (des républicains espagnols), pour le conduire dans un endroit sûr. Jaume a été l’unique survivant entre tous les prisonniers emmenés ce jour là à Castelmaurou. Peut après, le 20 août 1944, Toulouse était libéré.
Generosa fut victime de tortures et de travaux forcés dans une fabrique d’armement allemande. Elle est libérée par l’armée soviétique le 3 mai 1945, et elle a pu se retrouver avec son mari après un an durant lequel ils n’ont rien su l’une de l’autre.
Autres activités résistantes
Generosa et Jaume avaient travaillé aussi pour le Réseau Françoise (autrement dit Pat O’Leary) qui dépendait du gouvernement britannique. Leur domicile de Toulouse fonctionnait de boîte aux lettres pour ce réseau et Jaume s’était occupé de faire parvenir en Espagne quelques groupes d’aviateurs. Joan se souvient d’une occasion où son frère lui confia cinq aviateurs britanniques et canadiens.
Après la Guerre Mondiale: activités professionnelles et reconnaissances
Lorsque finit la Deuxième Guerre Mondiale Jaume continua de travailler comme mécanicien à Toulouse jusqu’au moment où, avec Generosa, ils ouvrent un petit bar restaurant.
Pour leurs actions dans la Résistance ils ont reçu plusieurs témoignages de reconnaissances des gouvernements français et nord-américain. En 1947 le président des États-Unis leur décerne la Medal of Freedom. En 1962 Generosa est décorée de la Croix de Chevalier de la Légion d’Honneur. Generosa Cortina meurt en 1987. Jaume Soldevila meurt en 1998.
Joan et Ricardo n’ont jamais reçu aucune reconnaissance pour leur participation dans les réseaux alliés de renseignements et d’évasion. Après la guerre ils ont continué de vivre des travaux de la forêt et de la petite contrebande. Ricardo part en France au milieu des années 50, où il se marie et gagne sa vie comme commis voyageur pour un magasin de vêtements de Toulouse. Ricardo meurt en 2003. Joan se marie en 1946 et continue de vivre à Escart. En ce moment il habite Esterri d’Àneu avec sa femme.
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